C’est sur la rue d’Aix, qui relie le cours Belsunce à la porte d’Aix que se trouve la boutique de vêtements Aza Création. Dans la vitrine, des robes de diverses couleurs. A l’intérieur, des clientes flânent, essaient les robes. Au fond du magasin, Miriam, une dame d’une cinquantaine d’année, couturière et gérante de la boutique, téléphone à propos de la taille d’une commande en cours. Interpellés par le travail original de cette artisane, nous sommes allés à sa rencontre.

Miriam a créé cette boutique il y a 14 ans, mais elle coud depuis toute petite, ayant appris auprès de voisines, en Algérie. Maintenant, elle fait principalement des robes de mariées, mais aussi des escarpins, des sacs, du prêt-à-porter…

Les produits de Miriam ont ceci de particulier qu’ils empruntent à la fois à la tradition vestimentaire kabyle et occidentale. « Au début, je réalisais des robes de mariée dans le pur style traditionnel kabyle. J’ai essayé de me démarquer en faisant des tailles pour des personnes fortes. Un jour, une cliente m’a demandé de lui faire une robe traditionnelle pas en tant que mariée, mais en tant qu’invitée à un mariage. Cela m’a donné l’idée de créer un modèle s’inspirant à la fois de la tradition kabyle et avec une coupe plus à la mode actuelle. » Et d’ajouter, avec enthousiasme, qu’en revenant, la cliente lui a dit que sa robe avait eu plus de succès que la robe de la mariée elle-même !

Mais quel sont vraiment ces signes de tradition et de modernité ? Miriam nous montre une robe de mariée kabyle traditionnelle : blanche, couleur de l’innocence, une coupe plutôt géométrique avec peu de reliefs, des broderies multicolores aux extrémités des manches. Nous la comparons avec les autres robes du magasin : tout une gamme de couleurs différentes selon l’envie, une coupe mettant plus en valeur les formes, une traîne, mais toujours ornées des broderies qui leur donnent un style unique.

Malgré les difficultés, Miriam reste déterminée à poursuivre son activité. « Il me faut deux semaines pour faire une robe, car je les fais à la main, avec de la laine issue directement de petits villages algériens. Bien que les affaires n’aillent pas au mieux, je ne compte pas m’arrêter car pour moi, c’est un moyen de transmettre la tradition kabyle, notamment aux jeunes. C’est pour cela que je fais aussi du prêt-à-porter, tel que des vestes en jeans, des sacs-à-mains, car je sais que ça aura un succès immédiat auprès d’eux ».

Ainsi, en mêlant tradition et modernité, Miriam réussit à transmettre sa culture en lui donnant un visage nouveau.